« Bonjour
Docteur
-Bonjour, Madame Brosec »
Camille accueille sa
nouvelle patiente. Une plantureuse rousse, encore une, lui fait face.
Regard vague et torturé, la femme lui tend la main pour la saluer.
Un sourire timide aux lèvres, elle se présente à la praticienne et
s'installe sur le sofa après que Camille l'y ait invitée. Son corps
splendide n'échappe pas au regard vert de la psy qui la dévisage
discrètement. Comme dirait Sophie, les yeux, c'est fait pour voir.
Madame Brosec, confortablement installée laisse traîner ses yeux
sur le décor de la pièce. Tout est étudié pour le confort optimum
du patient : couleurs ocres pastels, sable, quelques notes de doré
pour casser la monotonie. Une vaste bibliothèque emplie de tomes
volumineux qui traitent, à n'en pas douter du monde obscur de la
psychologie. Sur une large partie du mur, face au sofa, un aquarium
de poissons tropicaux aux couleurs aussi vives que diverses. Le
bulleur fabrique des ronds réguliers qui remontent inlassablement à
la surface de l'eau. Le bruit léger du moteur a quelque chose
d'apaisant et de rassurant. Une cafetière expresso trône à coté
de l'imposante bibliothèque. Sur le bureau de Camille, des dossiers,
impeccablement rangés, un gobelet regorge de crayons mine, des
cadres photos en grand nombre. Un ficus géant et magnifique se tient
près de la porte fenêtre qui laisse entrer un filet d'air.
« un
café ?
- je veux bien, merci..Magnifique votre aquarium, j'en ai
jamais vu d'aussi beau
- C'est ma fierté et j'adore ces
bestioles. Ce monde du silence est pour moi un peu un exutoire.
-
Je comprends, rien de tel pour se calmer parfois.
- Oui...tenez,
j'espère que vous aimez le café italien
- C'est le meilleur
-
Entièrement d'accord
- Bon, on y va quand vous êtes
prête...Madame Brosec »
Marie-Paule Brosec raconte
alors sa vie à Camille qui l'écoute attentivement d'une voix
monocorde, entrecoupée parfois de trémolo ; Seul le ronronnement du
moteur dans l'aquarium est perceptible dans l'atmosphère pesante de
cette fin d'après-midi de juillet : Une enfance malheureuse auprès
d'une famille déchirée par la perte d'une jeune sœur, l'alcoolisme
notoire d'un père violent et incestueux, une mère battue qui
déteste sa fille, une homosexualité très vite prononcée, le rejet
conséquent de sa famille,une vie de galère qu'elle a réussi à
surmonter mais qui revient à elle comme un boomerang et qui lui pèse
de plus en plus. Le portrait que peint la femme rousse de sa vie est
quelque peu classique mais tellement prenant. Un mariage arrangé,
une vie remplie de cotillons et de paillettes, une prison dorée mais
un schéma répété : époux violent et alcoolique.
« Aidez-moi
à oublier, aidez-moi à me donner la force de tout plaquer et à
vivre ma vie Docteur »
« Asystolie, E.E.G plat. On
arrête dit Sophie. Il ne réagit pas au traitement : atropine,
adrénaline. Rien à faire. On arrête. Heure du décés ?
-
16h47
- Merci, vous avez néanmoins été efficaces et fait de
votre mieux. Rendez le présentable, je vais voir la famille.
-
Salle d'attente B
- Merci »
Sophie retient son vague
à l'âme et éprouve du mal à réprimer les larmes qui troublent
ses magnifiques yeux bleus. Mourir à 15 ans devrait être interdit.
Ce gamin, elle n'a pas pu le sauver malgré une réanimation de
quarante cinq minutes. Annoncer la mort d'un proche est la plus
lourde tâche qu'un médecin ait à accomplir. Elle se dirige, tel un
automate à la salle d'attente où sont installés les parents du
pauvre gamin. Les murs blancs de la pièce pourtant bien éclairée
accentuent le coté morbide de la situation. Avec toute la
délicatesse et toute l'humanité du monde, elle s'adresse aux
malheureux parents qui s'accrochent encore à un dernier
espoir.
« Votre fils est arrivé dans un état critique avec
de nombreuses lésions cérébrales et abdominales ayant entraîné
une hémorragie massive. Nous avons fait tout ce qui était en notre
pouvoir pour le ramener à la vie mais ses blessures étaient
gravissimes, nous n'avons pas pu le sauver. Je suis sincèrement
désolée, votre fils est décédé...je vous prie d'accepter mes
condoléances... »
Une
sale journée, comme elle les déteste tant. Rester distante avec les
patients et les proches, c'est sa façon de ne pas le laisser
imprégner par le malheur des autres, sans être inhumaine pour
autant et insensible à leur douleur. C'est sa façon de pouvoir
avancer, tenir et faire son boulot correctement. Elle traverse le
grand couloir blanc et bifurque sur la gauche, ouvre la porte et
s'installe à son bureau, attendant la prochaine urgence. Elle
regarde le cadre posé sur le meuble, une photo de Camille et elle
pendant leurs vacances en Chine. En arrière plan, la muraille. Le
seul édifice visible depuis la lune parait-il. Sophie s'abandonne
volontiers à ces souvenirs doux et paisibles en compagnie de l'amour
de sa vie.
Son téléphone portable se met à vibrer. Elle regarde
l'écran lumineux, valide et lit : « Les cornes te vont à
ravir ». Impossible de savoir qui a envoyé ce message odieux,
l'expéditeur a pris soin de ne laisser aucune trace pouvant
l'identifier.
Sophie repose sont téléphone
sans conviction, mais quelque peu perplexe. Qui a bien pu envoyer ce
message odieux et lui était-il réellement destiné ? Elle n'a pas
le temps de creuser la question, l'alarme stridente du bipper la sort
de sa torpeur. Sophie lit le code affiché sur l'écran lumineux, se
lève, finit rapidement sa tasse de café, enfile sa blouse blanche
et repart au front. La vie continue....
« Apposez
chacune vos initiales à chaque bas de page et vous paraphez à la
dernière. Je vous remets symboliquement la clé de la maison dont
vous êtes officiellement propriétaires à ce jour puisque vous
jouissez déjà de l'habitation comme cela a été entendu avec les
vendeurs lors de la signature du sous seing il y a un mois. Mesdames,
permettez moi de vous dire que vous avez fait une bonne affaire et je
vous en félicite »
« Et
toi donc pense Camille en le fixant avec son plus beau sourire :16
000 euros de frais, tu te graisses bien la patte gros cochon. Encore
heureux que le taux est de 2,5% et qu'on t'a sucré 6500 euros sur la
cuisine » A ce même moment, les deux jeunes femmes se
regardent d'un œil complice et le décor disparaît, le notaire, les
vendeurs, l'agent immobilier, la secrétaire, le reste du monde.
Elles savourent cet instant magique, se projetant de concert dans
leur cocon, leur nid d'amour où elles passeront leur vie ensemble.
Camille, furtivement, glisse sa longue jambe sous la table hexagonale
et vient caresser du dos de son pied mutin le mollet de Sophie qui
reste impassible. Ne voyant aucune réponse, elle accentue sa
pression et remonte jusqu'au genou où elle s'attarde, fixant avec
insistance le regard de sa compagne, qui ne réagit toujours pas.
Elle tombe alors son escarpin et lance un dernier assaut sur le genou
de Sophie en lui labourant le pied de ses orteils. La secrétaire du
notaire, une élégante femme brune à la cinquantaine magnifique
sursaute alors et lève la tête en direction de l'assistance et
cherche d'un œil inquisiteur l'assaillant. Camille comprenant sa
méprise, rechausse son escarpin et se prend d'un soudain intérêt
pour les copies d'Utrillo qui tapissent, innombrables, les murs du
cabinet notarial. La secrétaire, pas dupe et bonne joueuse, retient
un franc éclat de rire et range soigneusement l'acte notarié
fraîchement signé.
C'est sous
un soleil de plomb que les deux jeunes femmes se dirigent vers leur
véhicule. Chaque mètre parcouru est une victoire sur cette chaleur
écrasante qui sévit sur la ville depuis plus de deux semaines.
Elles traversent le petit square quasiment désert, main dans la
main. Pas une once de vent qui pourrait rafraîchir l'atmosphère,
pas un frémissement dans les feuilles des marronniers géants, les
étendards publicitaires du concéssionnaire restent désespérément
immobiles, les rares passants courageux semblent évoluer au
ralenti.
« Depêche-toi, ouvre
et mets la clim à fond.On va crever avec cette chaleur, c'est pas
possible, qu'est-ce-qui va encore nous tomber dessus ?
-
Hop, à la maison.. C'est génial que les proprios nous aient
laissées y rentrer avant l'acte définitif ! On peut dire qu'on dort
chez nous ce soir !
- Moui, enfin
répond Sophie dans un murmure. Ca va être le pied de dormir au
milieu des cartons et de tout ce fouillis ! .Ca fait une semaine
qu'on campe là-dedans, on a même pas eu le temps de défaire le
tiers de nos cartons.
- Bah, c'est
rigolo ! On a jamais le temps de faire du camping ! On mange au
milieu des cartons, on fait l'amour au milieu des cartons..
-
Tu t'accommodes de tout toi hein !!
-
Bein ouais, faut bien mon cœur !
-
Je vois oui ! Dis-moi, qu'est-ce-qui s'est passé chez le notaire ?
La secrétaire était rouge écarlate .
-
Je lui ai fait du pied
hein ?
-
Je pensais que c'était toi. Le pire, c'est que je l'ai fait 3 fois
et qu'à la troisième, j'ai même retiré mon escarpin pour te
malaxer les orteils..
- ho la honte
!
-Mais enfin, où avais-tu mis tes
jambes chérie ? »
La
route qui les conduit à leur splendide demeure leur paraît bien
courte tant elles s'amusent de cet incident. La chaleur, le vent
violent qui se lève et fait virevolter en tourbillons gracieux les
feuilles qu'il a capturées, rien ne vient troubler leur fou rire.
Même le jeune homme élégant garé dans la file voisine dans sa
porsche cayenne en fait les frais lors de leur arrêt au feu rouge.
Pensant attirer l'attention des deux femmes dans son bolide flambant
neuf et ses accessoires chromés rutilants, les doigts chargés de
bagues en or, une montre quartier hors de prix, et une chaîne du
même métal ornant sa poitrine velue, l'homme a le type rital macho.
Les cheveux noir corbeau peignés en arrière dégoulinant de
brillantine, il ajuste ses rayban tout en les fixant. Il leur adresse
un bonjour de la main tout en faisant gronder les chevaux de son
puissant véhicule avant de descendre légèrement ses lunettes sur
son nez et leur adresser des clins d'oeil qu'il veut ravageurs.
Camille et Sophie se consultent du regard et repartent en un fou rire
irrépressible devant ce dragueur invétéré sorti tout droit des
années 60. Croyant avoir atteint son but, l'homme leur sourit de
plus belle mais ses lèvres se figent alors que les deux amantes
soudent leurs bouches en un baiser long et passionné. Le feu passe
au vert, les véhicules dans la file de la Porsche avancent. L'homme
en fait tout autant mais continue d'observer les deux jeunes femmes
dans son rétroviseur, complètement ahuri, jusqu'à ce qu'un choc et
un bruit de tôle froissée le fasse revenir sur terre. Il vient
d'emboutir la voiture qui le précède. Camille et Sophie dont le feu
est également passé au vert, le dépassent dans leur décapotable
en répondant à ses petits signes de la main et lui décocher leur
plus beau sourire.
Les deux
jeunes femmes rient toujours aux éclats quand elles pénètrent dans
leur immense demeure. La fraîcheur ambiante de la pièce leur
apporte instantanément une sensation d'apaisement et de bien être.
Elles traversent le grand salon, se frayant un passage au milieu
d'innombrables cartons et arrivent à la cuisine, se précipitent sur
le frigo dont elles ouvrent rapidement la porte avant de se saisir de
canettes de bière dont elles sont friandes et dont elles savourent
la texture aussitôt.
« Non,
mais pour qui il se prenait ce macho à la gomme !!??Putain, la
dégaine !
- Sa chemise avec son col
pelle à tarte, je déteste ça !
-
Et tous ces poils qui dépassaient ! Beurk.. »
Camille
chausse les lunettes de soleil qu'elle avait déposées sur ses
cheveux bruns et dégrafe son chemisier jusqu'au troisième bouton
puis s'approche de sa compagne en imitant l'incomparable Aldo
Maccione, avale une goulée de bière, lâche un rot digne d'un mec
et lui décoche un sourire clownesque avant de lui murmurer « Tu
montes chérie ? » Sophie qui se prend à son jeu, avale à son
tour une gorgée de liquide, dépose sa boisson sur la table de
travail et se colle à Camille .« Hum beau gosse, fais moi
grimper aux rideaux » Joignant le geste à la parole, Camille
la saisit par la taille et l'assoit à côté de la canette avant de
se glisser entre ses cuisses qu'elle se met à caresser au travers du
fin tissu puis qu'elle remonte délicatement jusqu'à l'aine. Elle
vise alors les petites perles de sueur qui constellent le buste de
Sophie et les capture une à une du bout de sa langue après l'avoir
embrassée tendrement et tout en continuant de la caresser. Sa tête
besogneuse explore chaque parcelle , chaque recoin, se rapprochant au
plus près de ce corps qu'elle chérit. Sophie se penche en arrière,
s'offrant davantage aux mains expertes de sa jeune maîtresse, tout
en l'emprisonnant de ses bras et embrassant sa tignasse brune.
Camille, plus entreprenante, se penche sur elle et l'invite à
s'appuyer sur la paroi, laissant accès au zip de sa robe légère,
qu'elle se met à défaire lentement avant d'en écarter les pans et
d'honorer les deux dunes fières aux pointes dressées. Ses mains
viennent s'unir à celles de Sophie avant de parcourir ses flans, ses
hanches, ses cuisses.
Sophie se
dresse alors doucement, voulant apporter son écot au désir de sa
compagne qu'elle décide d'emmener avec elle au bout du plaisir. Elle
dévore ses lèvres, son visage qu'elle prend délicatement entre ses
mains avant de souder à nouveau sa bouche à la sienne et que leurs
langues s'unissent. Sans relâcher son étreinte, elle descend le
long du corps de Camille se dresse contre elle. Elle en dévore avec
passion la bouche alors qu'elle dégrafe précipitamment les derniers
boutons de son chemisier tout en la poussant de son corps plus au
centre de la cuisine. Les mains de Camille caressent avec frénésie
les fesses de Sophie puis attrapent le bas de sa robe qu'elles lui
ôtent rapidement et qu'elles envoient valdinguer ensuite au milieu
de la pièce. Leurs lèvres refusent de se séparer, leurs mains de
se caresser. Elles se déplacent en aveugle, prises par leur passion,
rongées par leur envie dévastatrice l'une de l'autre avant de
perdre l'équilibre sur un des cartons et de choir mollement sur les
gros sacs en toile et de rouler à même le sol. Le contact frais du
carrelage sur leur peau nue agit sur elles comme une décharge
électrique et elles redoublent d'ardeur. Leurs mains ciblent
directement leurs sexes trempés sur lesquels elles évoluent à
l'unisson et dans une harmonie parfaite. Quelques instants plus tard,
les deux jeunes femmes s'allongent et entremêlent leurs jambes, sexe
contre sexe avant que leurs hanches n'entament une danse langoureuse,
charnelle. Leurs pouces se posent respectivement sur leurs boutons et
impriment de tout petits mouvements circulaires tout en appuyant
ingénieusement, arrachant aux deux femmes de profonds gémissements.
Elles arrêtent leur étreinte, le temps de se caler confortablement
sur les sacs, Camille chevauchant Sophie qui l'invite à s'ouvrir au
passage de son bras. Leurs mains reprennent alors leur besogne et les
deux femmes tout en s'embrassant avec une infinie tendresse se
pénètrent mutuellement avant que Camille entame un va et vient
sensuel entre les cuisses de Sophie. Dehors, le vent redouble de
puissance, aussi densément que l'énorme lame de fond qui les
entraîne quelques instants plus tard dans le tourbillon d'une
jouissance extrême.
« Madame
Brosec ne lâche toujours pas prise chérie ?
- Non, visiblement,
elle ne perd pas espoir que je tombe dans ses filets
- Dis moi
franchement...Elle est super canon, c'est bien ce que tu m'as dit !
Tu n'es pas tentée ?
- Chérie, répond Camille, sérieuse. C'est
fini l'époque où je couchais à gauche et à droite, que je sautais
sur tout ce qui bouge. Cependant, je reconnais, elle est très
séduisante, mais elle ne t'arrive à la cheville.
- Tu sais très
bien ce que j'en pense et que jamais je ne t'empêcherai une
tentation.
- Chérie, je t'ai toi, si je ne te l'ai pas dit mille
fois, je ne te l'ai jamais dit. Allez tourne toi, que je te
savonne..
- N'empêche que si tu as envie de te la faire, tu
peux..
- Tu m'emmerdes, tourne toi j'ai dit
- Oui chef.
-
Mais pourquoi tu me dis ça tout d'un coup ?
- Parce-que je reçois
des textos et chaque fois, c'est le même message : les cornes te
vont bien..
- C'est quoi cette histoire ? Pourquoi ne m'en as-tu
pas parlé ?
- J'ai cru d'abord que c'était une erreur mais ça
s'est renouvelé 3 fois depuis un mois
- En gros, depuis que je
suis Madame Brosec quoi.
- Oui,
- Donc tu voulais savoir en
fait si je couchais avec elle ?
- Ca n'est pas ça l'important,
mais ça aurait au moins justifié les textos. Et c'est gonflant,
impossible de savoir qui envoie les messages, l'expéditeur est
inconnu bien sûr
- Ca ne peut être que quelqu'un de proche en
tout cas sinon, je ne vois pas qui. On finira bien par trouver.
-
J'espère en tout cas. Je trouve ce genre de comportement
complètement nul et dégueulasse.
- Oui. Mais ce qu'ils ignorent
c'est que tu es la plus merveilleuse des femmes et quoiqu'ils fassent
ou disent, rien d'autre ne compte pour moi que toi....viens ici
chérie. »
La douche devient alors le témoin privilégié
de leur union. Deux corps superbes tendus par l'envie, transpirant
l'amour et le désir. L'eau déferle en cascades cristallines sur
leurs peaux satinées, leurs lèvres se scellent, leurs corps se
soudent, elles ne font plus qu'une. Leur baiser interminable et
passionné perdure dans un élan fusionnel incontrôlable. Les mains
se cherchent se trouvent, se perdent sur des corps affamés de
tendresse et de caresses. Puis elles descendent très lentement au
sol sans avoir séparé leurs bouches, ni desserré leur étreinte.
Sophie arrête sa course, assise contre le mur, Camille à sa droite,
à genoux, jambes ouvertes, la tête légèrement inclinée et sous
celle de sa compagne, elle savoure savamment ses lèvres tout en
caressant son sein gauche. Elle suit de sa main droite le galbe
parfait de sa cuisse, descend jusqu'à sa cheville où scintille une
chaînette en or massif qu'elle lui a offerte et remonte par le même
biais avant de la diriger sur son sexe qu'elle se met à énerver
quelques instants. Leurs baisers redoublent en puissance et densité,
leurs langues se cherchent, se trouvent, se livrent bataille dans un
recommencement perpétuel chaque fois plus sensuel et voluptueux.
Sophie laisse courir ses mains sur la peau douce et halée de sa
compagne avant d'envelopper dans un élan d'infinie tendresse les
seins fièrement dressés alors que la bouche et la langue de Camille
s'affairent déjà sur les siens. Sa langue gourmande dessine le
contour des aréoles, titille leur pointe avant de les aspirer, de
les relâcher et de recommencer. Sa langue abandonne sa caresse et
vient tracer un sillon humide dans la vallée de ses seins avant de
venir s'enrouler à celle de Sophie qui en profite pour reprendre
l'exploration de ses seins. Camille l'invite alors à s'allonger à
même le sol de la douche où l'eau chaude continue de se répandre,
se penche sur elle et couvre son visage de baisers sulfureux alors
que de sa main elle entame une danse sensuelle entre les jambes de
Sophie qui accueille cette caresse dans un gémissement profond.
L'index gourmand et fureteur disparaît dans les chairs molles et
chaudes avant de remonter sur le bouton et d'en faire le tour dans un
sens puis dans l'autre et de disparaître au plus profond de son
intimité dont il explore les parois quelques instants puis ressort
chargé d'une liqueur généreuse et abondante dont Camille
s'empresse de goûter la saveur. La jeune femme brune remonte sa tête
ensuite sur celle de Sophie, l'embrasse longuement et la chevauche en
positionnant sa droite jambe entre celles de sa maîtresse avant
d'entamer un délicieux va et vient qui les enflamme instantanément.
Cuisse contre sexe, puis sexe contre sexe, les deux femmes évoluent
dans un ballet harmonieux et torride. Les mains se caressent, se
cherchent, se marient, se caressent à nouveau, explorant chaque
parcelle, chaque recoin, à la recherche de frissons nouveaux. Les
bouches se font, se défont et se retrouvent. Camille se redresse et
invite Sophie à se positionner sur le côté avant de remonter sa
cuisse et de s'allonger face à elle, où un sexe gonflé et humide
s'offre à ses yeux emplis d'un désir fou. Elle se met alors à
caresser à pleine main les fesses de Sophie tout en embrassant ses
hanches et son ventre, faisant glisser ensuite un doigt de la chute
de ses reins jusqu'à son sexe, avant d'écarter d'une main experte
les deux pans de chair ferme et de souffler sur son sexe dont elle
ouvre et ferme les lèvres et caresse le bouton. Sophie se
contorsionne de plaisir, yeux mi-clos, bouche entrouverte d'où
s'échappe des gémissements de plus en plus significatifs. Camille
couche sa maîtresse sur le dos et positionne sa tête entre ses
cuisses, humecte son pouce avant d'énerver le bouton de sa compagne
et de le lécher voluptueusement. Sophie remue, Sophie ondule, Sophie
crie et jouit sur la bouche de Camille qui la boit avec délectation
avant de savourer ses lèvres dans un baiser sans fin. Sophie prend
la suite des opérations et chevauche Camille dont elle goûte la
peau, baiser après baiser, passant par les seins, le ventre, les
cuisses pour finir enfin sur le sexe dont elle caresse les chairs
détrempées de sa langue gourmande. Elle l'embrasse, l'aspire, suce
et aspire son bouton, le contourne, le titille, l'énerve. Sa tête
s'affole, Camille aussi, qui rapidement, est submergée par un
orgasme puissant et profond.
Sophie la chevauche et vient lui
offrir le baiser du dernier frisson mais la main de Camille déjà
œuvre entre ses cuisses, affolant à nouveau son sexe de son pouce
avant de se glisser entre ses jambes et la goûter.
« A
qui le tour Pauline ?
- Mme Brosec...elle attend depuis plus d'une
heure
- Mais enfin, j'ai pris tant de retard ?
- Non, elle
avait juste un peu d'avance et....
- C'est quoi ces fleurs ?
-
Mme Brosec..
- Et en quel honneur ?
- Vous le savez aussi bien
que moi..Elle lâche pas le morceau !
- Je vois...
- Ah,
Camille !
- Bonjour Madame Brosec. Passez dans mon cabinet s'il
vous plaît, c'est à vous !
- Bonjour, ah je suis si contente de
vous voir ! Elles vous plaisent mes fleurs ?
- Elles sont
magnifiques, mais p...... ?
- J'avais envie de vous faire
plaisir
- Non, je ne suis pas d'accord, on en a déjà parlé.
-
Chuis pas assez sexy pour vous ? C'est ça ?
- Là n'est pas le
problème..
- Mais alors quoi ? Chuis trop grosse, trop maigre ?
Pas à votre goût ? » Lance Madame Brosec d'un ton rocailleux
et langoureux..
- Pas du tout, vous êtes une belle femme et fort
appétissante mais...
- Mais quoi ? Qu'est-ce-qui vous freine
Camille ? » Madame Brosec est à présent collée à la
praticienne qui sent son souffle chaud tout contre ses joues. Elle
n'a pas le temps de répondre que la sculpturale rousse a déjà
couvert sa bouche de la sienne, lui décochant un baiser d'abord doux
puis fort entreprenant. Camille sent alors ses jambes se dérober
sous elle et se surprend à fermer ses paupières sous la magie de ce
baiser. Profitant de ce moment de faiblesse qu'elle a décelé,
Madame Brosec sans tabou aucun enveloppe les seins de la jeune brune
et les pétrit voluptueusement. Sa bouche dévore celle de Camille,
ses mains parcourent son corps.
« Ca suffit, arrêtez, non,
je ne veux pas..laissez-moi tranquille. Je vous ai dit non, c'est non
!
- Soyez pas stupide, vous en avez autant envie que moi
chérie..
- Non,
- Qui avait les jambes flageolantes il y a
quelques secondes ?
- ….
- Vous voyez bien chérie »
continue Madame Brosec de sa voix envoûtante. Joignant le geste à
la parole, elle glisse sa main sur les hanches de la praticienne
avant de la diriger plus bas, ce qui a pour effet de faire bondir
Camille et d'échapper aux assauts de son assaillante. « Cessez
je vous prie. Sachez que je n'attends rien de vous et ne veux rien de
vous. De deux choses l'une, soit nous continuons votre thérapie sur
le champ et j'oublie, soit vous reprenez la porte. Ce que vous venez
de faire est à la limite de la tentative de viol mais je veux bien
passer l'éponge. Vous arrêtez vos conneries et basta. »
Camille
jette un œil sur sa montre, la journée est enfin terminée. Jamais
son travail ne lui a paru aussi pénible qu'aujourd'hui. Et pourtant,
ce qui s'est produit était prévisible. Madame Brosec lui faisait
des avances depuis un bon moment, pour ne pas dire du rentre-dedans.
A vouloir refuser l'évidence, elle a fini par en faire abstraction
et à se faire piéger. Elle salut Pauline, sa secrétaire, qui finit
de ranger quelques dossiers dont celui de la sulfureuse rousse qui
l'a quittée, un éclat haineux dans le regard. Ensemble, elles
sortent du cabinet puis se séparent sur le perron. Camille, encore
tremblante, fouille fébrilement son sac, à la recherche de ses clés
– non mais quel foutoir le sac d'une nana- finit par les trouver.
Son Audi est à quelques pas mais elle sent soudain un besoin vital
de s'enivrer de l'air que le vent vient plaquer avec violence sur son
visage teint par l'émotion. L'air à l'extérieur est aussi lourd
que celui qu'elle vient de quitter, on dirait que quelque chose est
en train de se préparer. Elle ouvre la porte de son véhicule,
s'installe, met la clé dans le contact et démarre. Direction la
maison où l'attend Sophie qu'elle a hâte de retrouver et de blottir
contre son cœur.
Pauline jette avec rage le trousseau de
clés dans le cendrier sur le meuble en chêne massif qui orne
l'entrée de son appartement. Le bruit du métal dans le cristal émet
des cliquetis sinistres, déchirant un silence pesant et
assourdissant. Elle envoie valdinguer ses chaussures avec rage dans
la pièce et se dirige vers le bar où elle se sert une rasade de
whisky qu'elle engloutit d'un trait. Le plan, son plan, qu'elle
croyait infaillible vient de capoter. Elle ne pensait pas que Camille
allait résister aux assauts de Madame Brosec. Cette pimbêche s'est
donc rangée à une vie plus saine et plus sobre ? Dans son cerveau
en surchauffe, l'affront subi, l'échec cuisant font monter en elle
une vague de haine profonde. Puisque Sophie refuse toute discussion,
puisque Camille n'est pas tombée dans les bras de la rousse, se
présente à elle dorénavant la solution suprême, se venger des
deux femmes en même temps. Un second verre de whisky englouti aussi
rapidement que le précédent, un revers de main passée rageusement
sur l'écume de ses lèvres, ses neurones passent au rythme
supérieur, travaillant sans relâche au plan qui assouvira sa
vengeance sur celle qui a gâché sa vie et celle qui est responsable
de ce gâchis. Sa rage nourrit sa haine et sa haine nourrit sa rage.
Cette montée empirique de noirs ressentiments dessine dans son
cerveau malade l'ébauche de noirs desseins. Troisième rasade, cul
sec. Un sourire maléfique aux lèvres, elle vient de trouver dans
les embrumes de l'alcool, la solution ultime à sa vengeance. Les
hauts-parleurs de la hi fi dont elle a mis le volume au maximum
crachent un tube des années 80 , « run to the hills »
des Iron Maiden. Quatrième rasade. Elle lève son verre à son plan
machiavélique, le boit d'un trait. « A ta santé chérie, tant
qu'il t'en reste... ». Dehors, la nature commence à se battre
contre les éléments, le ciel a pris un teint gris-vert, le vent
redouble de violence, l'air devenu suffocant et électrique.
« Mmmm,
ça sent bon... Dit Sophie en se lovant dans le dos de Camille et lui
enserrant la taille. Des lasagnes ?
- …..
- Et c'est un de
mes plats favoris aussi. Mais des lasagnes en plein mois d'août...dit
Sophie d'un rire moqueur
- Oh s'il te plaît chérie, je pensais
que ça te ferait plaisir !
- Je te taquine mon amour, ça sent
vachement bon ! tain, ça donne envie ! Ta journée s'est bien passée
?
- Oui mon amour, et toi ? Qu'as-tu fait ?.. Une petite mousse. ?
Il est 18h, on a largement le temps de s'en siffler une avant
d'attaquer les lasagnes.
- T'en as fait pour un régiment ! Merci
chérie »
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