NUIT D'ORAGES 02

Récit érotique écrit par mielpops09 le 14-02-2013
Récit érotique lu 6940 fois
Catégorie Lesbiennes

Sophie continue son parcours et dirige sa langue entre les seins de Camille où l'attend le prochain quartier d'orange. Elle le fait jouer sur sa peau, le pousse, le retient, l'aspire et le replace à son endroit initial avant de l'écraser de sa bouche et de laper lentement les bouts de fruits et les pousser savemment sur la pointe de chaque sein où elle se délecte des boutons durcis en les embrassant goulument et en aspirant le suc qui s'y est déversé. Ses mains, ne restent pas inactives et, de ses doigts, Sophie explore chaque parcelle du corps de Camille. Cette dernière se met à onduler, de plus en plus excitée, de plus en plus impatiente.

Le nombril subit le même sort et Sophie vient lécher les gouttes d'orange qui s'éparpillent sur les flans de Camille alors qu'elle caresse ses seins, faisant rouler leur pointe avec dextérité..Le bas ventre de la jeune femme entre en ébullition alors que Sophie vient dévorer à pleine bouche le dernier quartier de fruit sur son pubis imberbe. Ses mains viennent en renfort et se positionnent comme elles le feraient sur un fruit que l'on va sectionner en deux. Sophie écarte délicatement ses deux pouces alors qu'elle mâchouille à même la chair le petit morceau d'orange. En sort, comme les fois précédentes, un jus généreux qui se faufile entre les cuisses de Camille, à l'endroit choisi par Sophie et où elle se glisse rapidement. De ses pouces, elle maintient le sexe entièrement ouvert et gonflé de son amante. Elle savoure le merveilleux spectacle qui s'offre à ses yeux et le goute de sa bouche. Elle vient cueillir du bout de sa langue le dernier petit morceau d'orange et, vient l'appuyer, tout en les caressant, contre les chairs enflées de Camille, avant de les lècher copieusement. La femme brune se met à onduler au rythme des caresses de Sophie qui joue entre ses cuisses, de plus en plus vite et de plus en plus fort.
Camille s'ouvre d'avantage à Sophie qui déguste encore au plus prés ce sexe au bord de l'implosion. Sa langue s'imisce entre ces chairs tendres et vient finir sa course sur son bouton magique qu'elle a pris soin de sortir de sa cachette. Elle le fait rouler rapidement dans un sens et dans l'autre, l'énerve, le suce et l'aspire avant de le gober tout entier et de recommencer , encore et encore. Camille gémit, se cambre. Des spasmes intenses secouent tout son corps alors que de son antre secrète gicle le fruit de sa jouissance.


Les deux jeunes femmes se font ainsi l'amour encore, rivalisant d'adresse afin de s'emmener toujours plus loin sur le chemin du plaisir. Aucun frein, aucun tabou, aucune gêne pour ces deux êtres qui s'aiment d'un amour sans limite, un amour qui va au-delà des mots, au-delà du temps.
Elles se douchent rapidement, s'habillent, se pomponnent se donnent des bisous à tout va et sortent enfin.
La blonde Sophie a opté pour une robe rouge ultra-légère et son décolleté vertigineux. Elle a libéré ses cheveux blonds soyeux de leur noir catogan, les laissant virevolter au vent d'été et flirter avec la lumière du soleil. Camille a opté pour un jean taille basse noir et un body blanc sous lequel on devine une poitrine ferme et généreuse que vient titiller la brise estivale. Elles grimpent d'un pas allègre dans le véhicule de Sophie et se dirigent sans tarder vers le centre ville. Elles passent devant l'endroit témoin de leurs ébats la nuit précédente, se jettent un clin d'oeil complice , Camille profitant de cet instant pour passer sa main sous la robe de Sophie et caresser du bout des doigts sa jambe fuselée.

« Tu n'en as donc jamais assez hein, canaille ! Dit Sophie
-Qui, moi ? Tu peux parler ! Qui c'est qui a joué les prolongations tout à l'heure ?
-Oh, hé, t'es pas la dernière ! Encore heureux que je t'ai freinée sous la douche sinon, on sortait pas encore !
-Bein, j'm'en serais pas plaint de toute façon..
-C'est bien ce que je disais, obsédée !
-Tu l'es autant que moi Sophie chérie,...mmmmm.. tu aimes ? »
La main de Camille explore savamment la cuisse de Sophie avant de disparaître sous le tissus léger et s'attarder sur son string.
« Chérie, s'il te plait, je conduis..tu vas nous envoyer dans les décors.
ah mais je veux bien aller regarder l'herbe pousser par en dessous avec toi !
Ouais, tu veux des cours de botanique aussi ?
-T'es doc, tu dois savoir palier à mon manque de culture chérie..
-J't'en foutrais moi...
-Je demande que ça moi..mmm mais tu mouilles ma chérie !
-oh putain, merde, Camille, arrête.. !
Chuuuuuttttt... »


La jeune femme se rapproche de Sophie et lui mordille le lobe de l'oreille avant de l'embrasser et de descendre dans son cou offert.
Sophie se trouble et finit par s'abandonner à la caresse de Camille dont les doigts coquins fouillent avidement le tissu humide avant d' y disparaître entièrement. Sophie se sentant de plus en plus à l'étroit ouvre ses jambes autant qu'elle le peut, ne voulant perdre aucune once de ce moment délicieux. Camille se fait de plus en plus entreprenante, ses doigts glissant sur son sexe détrempé, affolant les sens de Sophie qui ne tient plus et finit par articuler dans un souffle :

« Non, arrête, on va se planter.. Arrête, Arrête..Comment veux-tu que je me concentre là? Allez, stop, fini !! On range les outils ! »

Sophie referme ses interminables jambes, à contre-coeur, il faut bien le reconnaître et reprend ses esprits. La main de Camille reste volontairement emprisonnée, grapillant quelques secondes à cet instant magique.
« Tu sais Camille, t'es dingue.. T'es une vraie obsédée ! Va falloir te faire soigner ma chérie !
- Je connais le meilleur médecin qui soit.
- Moi, je compte pas mon cœur, je pourrais pas être objective!!
- T'es encore plus obsédée que moi ! ….Oulà, attention ! »
Sophie a juste le temps de tourner la tête et d'éviter le chien qui a choisi de traverser devant elle et à ce moment là..

« Putain de clébard..Où est son maître ? On a pas idée de laisser les animaux ainsi en liberté ! Quand .. »
Le portable de Sophie se met à vibrer, annonçant l'arrivée d'un nouveau texto. « Lis le s'il te plait, je me gare.« J'ai besoin de te voir, tu es dispo ? » annonce Camille qui précise :

« C'est Pauline, je lui réponds quoi à cette conne ?
-Pas envie de lui répondre.
-Elle est tenace, qu'est-ce-qu'elle te veut ?
-J'en sais pas plus que toi et j'ai pas envie de le savoir, je l'ai rayée définitivement de ma vie
-Va falloir mettre les choses au clair, elle peut pas s'amuser à t'envoyer des textos sans arrêt ! Elle a une idée derrière la tête, sinon, pourquoi se manifester au bout de 2 ans ?
-J'ai ma petite idée et je sais que tu penses comme moi. Je n'ai pas envie de la revoir. Je suis passée à autre chose comme elle m'y a encouragée, j'ai tournée la page, point.
-Elle t'a larguée comme une merde, du jour au lendemain. Tu te rends compte, elle a même pas eu le courage de te dire les choses en face !
-Arrête de t'énerver mon cœur, elle n'en vaut pas la peine
-Ca me fait bouillir. Comment a-t-elle pu te faire ça ? Mais quel égoïsme ! »


Sophie n'a plus envie de voir sa maîtresse en colère une seconde de plus. Surtout à cause de Pauline. Alors, elle vient tendrement poser son index sur sa bouche encore ouverte et prête à vociférer .
« sssss, allez viens, si son intention est de nous pourrir la vie, elle y aura réussi en gâchant cette super journée. Allez, laisse tomber, ne luis donnons pas ce plaisir. On y go ? Je veux cette petite robe dont on a parlé. C'est quel magasin déjà ?
Minouche..
Je compte sur ton œil critique ma chérie
C'est tout vu mon cœur, cette robe est faite pour toi »

Les jeunes femmes descendent de voiture, surprises par la chaleur qui les cloue sur place malgré le vent. Encore des orages en perspective, à n'en pas douter. Les passants arpentent la rue, écrasés par la chaleur, cherchant une ombre bienfaitrice qui leur apporte un semblant de fraîcheur. Les marchands de glace sont pris d'assaut par les quelques téméraires bravant les rayons mordants du soleil, les bords des fontaines agrémentant le square se sont parés de grappes humaines appréciant la fraîcheur de l'eau . Le vent remontant d'Afrique, apporte une teinte jaunâtre au décor, rappelant la canicule de 1976.
Camille et Sophie n'en ont cure et passent leur chemin, tranquillement, dans cette ville qui vit au ralenti, se tenant par la taille et plaisantant comme deux gamines, marchant allègrement, cheveux au vent. Quelques passants se retournent, éblouis par leur beauté et le bonheur qui se dégage de ces deux êtres. Pas un nuage dans le bleu azur du ciel où évoluent de nombreux pigeons guettant patiemment de là-haut les miettes de pain que leur jettent quotidiennement les habitués du square. Les deux jeunes femmes bifurquent sur leur droite et le traversent d'un pas décidé, se glissant sous l'ombre généreuse et bienfaitrice des marronniers centenaires. Les bancs publics sont bondés. Là, une vieille dame très coquette au visage marqué par les années et aux cheveux d'argent fait tranquillement ses mots croisés, là, une mère offre une boisson à son enfant, là, un couple d'amoureux se bécote sans retenue. Sophie et Camille les regardent, attendries. Tant de douceur et de tendresse les incite à les imiter. Un baiser pudique, certes, mais un baiser. La vieille dame n'a rien remarqué, complètement absorbée, les amoureux encore moins, mais la scène n'a pas échappé au petit garçon qui s'ébat dans le bac à sable, jouant au preux chevalier venu sauvé sa princesse. Il en reste bouche bée, la pelle et le seau immobiles dans ses mains ballantes. Sa maman ne peut s'empêcher de sourire en voyant ainsi le minois de son fils et s'empresse de prévenir son mari en le secouant discrètement par l'épaule. L'homme a reconnu le Docteur Faraday qui lui a sauvé la vie quelques mois plus tôt alors qu'il était foudroyé par une embolie pulmonaire. Lui, et son épouse envoient un bonjour amical à l'encontre de Sophie, qui leur rend la pareille.
Tout le monde à l'hôpital où elle travaille est au courant de son 'orientation sexuelle et elle ne s'en est jamais cachée.

Elles arrivent enfin chez « Minouche » et constatent avec plaisir que la petite robe bleue est toujours en vitrine. Elles pénètrent dans la boutique et partent immédiatement à sa recherche dans les nombreux rayons noirs de monde. C'était à prévoir, on est en juillet et c'est la période des soldes. Nombreux pourtant sont ceux qui ont eu le courage d'affronter la canicule dans l'espoir d'aller dénicher les bonnes affaires. Les employées sont débordées, les clients se sont spécialisés à chercher une taille ou un article qui n'est plus en stock. Les jeunes femmes se fondent dans la masse et entassent sur leurs bras les fringues qu'elles ont choisis. Personne ne remarque alors ce qui se passe au bas des rayons, deux pieds qui se cherchent, se trouvent et jouent à dessus-dessous. Alors, que plus haut volent un caraco, un jeans, une jupe et puis une robe magnifique, La Robe. Il en reste une seule et Sophie s'empresse immédiatement de vérifier si la taille est la bonne. Au sourire qu'elle lit sur le visage de sa compagne, Camille comprend qu'elle a trouvé son bonheur. Elle l'invite sans tarder à l'essayer et à satisfaire son désir de voir le tissu soyeux épouser ses formes parfaites. Elles partent en quête d'une cabine d'essayage mais n'en trouvent aucune de disponible. Qu'à cela ne tienne, elles repartent explorer la boutique. Sophie, sent à nouveau son téléphone vibrer, et, discrètement, alors que Camille se plonge dans la contemplation d'un body original, sort l'appareil furtivement de son sac et lit :

« besoin de te voir. ».


Elle range son portable, en silence et à l'insu de Camille, qui, à cet instant précis, lui demande son avis.

« Bein, t'as qu'à l'essayer, mais à vue de nez, il me paraît t'aller comme un gant ma puce, ah, et regarde celui-là, il est pas mal non plus ! Allez hop, à l'essayage ! Doit bien avoir une cabine de libre maintenant.. »

A cet instant, sous leurs yeux, une femme d'une cinquantaine d'années sort d'une des cabines, où les deux filles s'engouffrent aussitôt, laissant sur le carreau le pauvre type qui arrive avec ses deux t-shirts et son treillis. Elles rient de leur effet surprise et s'organisent à l'essayage. La cabine, bien qu'elle soit la plus grande, est loin d'être un hall de gare. Elles placent les cintres sur les crochets prévus à cet effet, dos à dos, leurs fesses rebondies se touchant à chaque mouvement. Sophie se retourne, adresse à Camille un sourire et un regard qui parlent mieux que les mots. Cette dernière qui ne s'est pas calmée depuis l'épisode de la voiture lui répond avec le même regard avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Combien d'autres avant elles ont fait ce qu'elles s'apprêtent à faire ? Leur baiser devient plus profond et sans attendre, leurs mains explorent leurs corps respectifs avec fébrilité. Leur envie est trop forte, elles s'attirent comme deux aimants. Personne ne viendra les déranger, elles le savent, car elles ont pris l'habitude de placer des chaussures au bas de la cabine, signalant ainsi qu'elle est occupée. Mais le temps est compté. Les mains de Sophie se plaquent sur les seins de Camille qu'elle pétrit fermement mais sûrement alors que les mains de Camille empoignent ses fesses tout en la plaquant contre son bassin. Leurs bouches se soudent et leurs langues se livrent bataille avec rage...


Leurs bassins se frottent, leurs jambes s'entremêlent, leurs bras se serrent , leurs mains se caressent, fiévreuses. Les cuisses de l'une touchent sans pudeur l'entre jambe de l'autre. La robe rouge de Sophie est tombée, le jean de Camille en a fait tout autant. Les doigts de chacune partent directement à la recherche du Saint-Graal de l'autre, le trouvent humide et gonflé. Le monde autour d'elle s'est effacé, les clients, la cabine, le magasin, la vie, plus rien n'existe. Camille et Sophie sont seules désormais dans leur bulle de volupté et de sexe. La chaleur écrasante, l' air électrique apportent leur touche de sensualité. Les deux femmes sont comme envoûtées par cet atmosphère et se donnent du plaisir sans retenue, sans tabou. Avec fébrilité, les doigts de chacune pétrissent le sexe de l'autre, leurs bassins dansant au rythme des caresses. Leurs yeux sont fermés, leurs bouches sont scellées, leurs langues ne se donnent aucun répit, leurs têtes se caressent, tantôt d'un coté, tantôt de l'autre, leurs lèvres refusent de se séparer. Leurs mains accélèrent leur rythme, leurs doigts gourmands s'attardent sur leurs boutons magiques, les pressent, les titillent et les énervent avant de descendre entre les petites lèvres et pénétrer l'intimité de l'autre. Aucune pudeur dans leurs gestes, seuls la volupté et le plaisir sont rois. Les caresses s'accélèrent, se font plus profondes, plus précises, plus appuyées, leurs doigts glissent sur leurs chairs molles délicieusement trempées avant de retourner sur leur clitoris au bord de l'implosion. Camille et Sophie en nage, les yeux fermés se mordillent les lèvres pour ne pas exprimer trop fort le plaisir qui assaille leurs corps comme des vagues déferlantes sur la grève, à chaque fois plus fortes et plus intenses. Sophie tend son cou et la tête de Camille s'y engouffre alors que ses doigts la pénètrent au plus profond, dans un gémissement à peine contenu aussitôt étouffé par ses lèvres gourmandes. Les doigts de Camille vont et viennent inlassablement, caressant son clitoris à chaque passage, l'appuyant, l'irritant..Elle descend lentement le long du corps de Sophie, le couvrant de baisers mouillés et de léchades. Elle place délicatement la jambe gauche de Sophie sur la petite banquette de la cabine et immisce sa tête entre ses cuisses. Elle lape goulûment ce sexe offert et détrempé. Le contact de sa langue sur son intimité provoque un ras de marée chez Sophie. Les jambes flageolantes, elle finit par s'adosser à la paroi, ses forces l'abandonnant au plaisir d'un plaisir grandissant. Elle sent la bouche et les doigts de Camille la butiner sauvagement, empressés de la transporter au bout d'un orgasme puissant et profond. Quelques instants plus tard, Sophie est prise de spasmes violents alors qu'elle jouit sur la bouche de sa compagne, qui est,elle- même, en proie au plaisir qu'elle vient de se procurer et de lui donner. Quelques instants, qui paraissent une éternité, les deux jeunes femmes savourent en silence ce moment de plénitude, blotties l'une contre l'autre, se délivrant baiser sur baiser.

« Maman, ça fait longtemps qu'elle est dedans la dame ?
- C'est vrai que ça fait un moment que ça dure. S'il vous plait, vous avez terminé ? »


Camille et Sophie sursautent et se regardent avec des yeux ronds, comme des gamines prises en flagrant délit d'ineptie, un vent de panique et d'amusement dans les yeux..

« Oh merde ! Putain, putain, putain... » Puis elles rient, en douce, et se scrutent du regard pour trouver une parade.
« On a presque terminé, heu... il nous reste encore une robe à essayer et on vous laisse la place ! » répond sans se démonter Camille.

« Mais qu'est-ce-qu'on fait ? On a rien essayé !! La mouflette et sa mère font le pied de grue...Faut qu'on se grouille !! Putain, on est mal ! » s'esclaffe Sophie..
- Heu...., accroche les cintres en haut, sur la tringle pendant que je me rhabille et après, quand c'est fait, c'est à ton tour..La nana verra qu'il y a du mouvement avec les fringues et pensera qu'on range.. Elle est pas sensée savoir ce qu'on a fait et qu'on a rien essayé après tout..
- Heu, prends la pour une conne aussi »
Leurs regards se croisent encore et elles partent dans un nouvel éclat de rire .

En deux temps, trois mouvements, Camille a remis son body en place et remonté son pantalon..Sophie, a fait comme l'a suggéré sa maîtresse et a empilé sur la tringle un nombre incroyable de cintres. Elle passe La Robe alors que Camille a pris la relève avec les cintres puis elle sort s'admirer, comme si de rien n'était, dans le miroir posé à cet effet. Elle sort, resplendissante dans le tissu bleu léger qui épouse son corps à merveille, non sans provoquer quelques regards admiratifs et un sifflet d'approbation. L'expression du visage de la mère et de sa gamine est indéfinissable alors qu'elle leur passe devant, suivie de Camille qui se fait aussi discrète que possible. C'est là un instantané digne d'une bande dessinée où l'on aperçoit les personnages, la mâchoire ouverte, les yeux ronds en forme de points d'interrogation.

« On a fini ! leur dit Sophie tout sourire. C'était la dernière robe..Elle me va à ravir, vous ne trouvez pas ?
- Oh yesssssssssss !! 'tain chérie, t'es sublime.....
- Allez hop, je me change, on rend tout ça et on fonce à la caisse ! »

La maman et sa petite fille n'ont pas bougé d'un cil et continuent de les fixer. La gamine, perplexe de son erreur de jugement sur le nombre de personnes dans la cabine , sa mère, dubitative en réalisant, une fois le rideau ouvert, que les habits n'ont jamais quitté leurs cintres et en entendant le compliment de la brune à la blonde.

Camille et Sophie, se hâtent de récupérer les cintres et de sortir de la cabine dans laquelle s'engouffrent la maman et sa fille toujours en questionnement. Elles prennent la direction de la caisse, bondée de monde après avoir remis à la vendeuse les vêtements qui encombrent leurs bras.

« Merci beaucoup ! »lui dit Camille en lui décochant un sourire irrésistible. La pauvre fille, déjà en sueur malgré la climatisation croule sous la pile de tissus en quelques secondes avant d'avoir pu esquisser le moindre geste.




Pauline, engoncée dans son fauteuil, silencieuse, fixe son portable. Sophie, encore une fois ne répond pas. Deux années d'absence, deux longues années qu'elle ne lui a pas parlé, deux années qu'elle l'a quittée brutalement, ne laissant à Sophie aucun autre choix que de subir, la laissant à sa souffrance. Mais il s'agissait de sa vie, de sa carrière. Oui, elle l'a quittée alors qu'elle l'aimait, elle qui aimait les femmes, et les aime toujours d'ailleurs, mais qui, en fin de compte, s'est dégonflée et n'a pas voulu assumer les conséquences de leur relation. Pauline a laissé une Sophie anéantie, détruite. Aveuglée par son égocentrisme et son égoïsme, elle n'a jamais réalisé à quel point et c'est pourquoi elle s'étonne du mutisme de son ex compagne. Et cela l'agace.

La souffrance étant devenue insupportable, Sophie avait souhaité quitter la vie. Mais elle l'aimait trop et s'était convaincue après de gros efforts sur elle-même et l'aide d'un ami très cher, que l'égoïsme et la lâcheté de Pauline ne valaient pas le prix d'une vie brisée, la sienne. Elle a appris plus tard, par une amie proche que Pauline s'était jetée dans les bras du premier venu, un quinquagénaire grisonnant et ventripotent, producteur vinicole. Pourquoi ces projets, pourquoi ces promesses alors qu'elle ne pouvait assumer son homosexualité ? Sophie s'était sentie bafouée, manipulée et trahie. Elles avaient vécu 2 années d'un bonheur sans faille, malgré leurs professions. Elles s'étaient rencontrées sur Paris alors qu'elles étaient venues encourager leurs sportifs favoris. Elles s'étaient tout simplement retrouvées côte à côte dans les gradins lors d'une rencontre qui opposait Amélie Mauresmo et Justine Henin. Dans la fièvre du jeu, Pauline avait renversé son pepsi sur le T-shirt de Sophie qui était tombée aussitôt sous le charme de cette femme superbe, à le chevelure flamboyante et aux yeux aussi clairs que le bleu du ciel, aussi foudroyants que les éclairs par temps d'orage. C'était exactement ce qui s'était passé, un coup de foudre puissant et partagé...


Camille règle à la caisse et les deux jeunes femmes sortent bras dessus, bras dessous, parcourent quelques mètres en savourant les rafales de vent chaud qui fouette leurs visages en feu..de honte..et d'espièglerie mélangées.
« La vache, on a failli se faire pincer!
- T'as vu comme elles nous dévisageaient les deux ?
- Bah, elles voulaient qu'on se magne le train pardi..Je pense pas qu'elles se soient doutées de quoi que ce soit.
- Pour la gamine, c'est sûr, mais pour la mère, je n'en suis pas tout autant..Mon Dieu, la tronche hahahahaha..et droite comme un I ! On aurait dit qu'elle avait un balais dans le cul ! Hahaha... Ca doit pas rigoler tous les jours à la casba avec cette femme..Je plains ...
- roooooooo, mais arrête d'analyser les gens ! T'es pas au boulot là ! Tu reprendras ta psy attitude lundi, ok Doc ?
- Dacodac Doc.. N'empêche que....quoi, qu'est-ce-qu'il y a ?
- Ho putain...chérie..non, j'hallucine..
- Mais quoi ?
- Je n'y retourne pas..
- Mais quoi ?
- Chérie...J'ai laissé mon string dans la cabine !
- Hein ? Tu déconnes ?
- Pas le moins du monde hélas..
- Putain, mais comment t'as pu ne pas t'en rendre compte ?
- Heu, je sais pas si tu te rappelles, mais on regardait pas les araignées tisser leur toile au plafond ! Et y'en avait qui poireautaient ferme !
- N'empêche ! Non, je rêve ! » Et Camille de mettre la main aux fesses de Sophie et lui susurrer à l'oreille : Non, finalement, c'est bien mieux ainsi... Mais non chérie, personne n'a vu...
- Bein, j'espère bien.. »


Sophie retire la main de Camille collée sur son fessier, elles traversent la rue et filent directement au café-brasserie « Far West », un des plus renommés par son originalité. Le vent a forci et souffle en rafales intenses qui n'ont de cesse de soulever la robe légère de Sophie, un peu comme Marilyn Monroe, dans « 7 ans de réflexion », laissant entrevoir ses jambes interminables à la plus grande satisfaction de quelques badauds. Encore quelques mètres et elles passent la porte.

C'était à prévoir, les gens cherchant l'ombre et la fraîcheur, le pub est bondé. Il va être difficile de trouver une place et les deux femmes optent pour le comptoir, juste au coin, au fond, à gauche, tout prêt du poker électronique. Elles jouent un peu des coudes et finissent, calées à côté deux malabars, pas mécontents de se retrouver en si charmante compagnie..S'ils savaient..Le pub est comme son nom l'indique, un saloon digne des Western. Des banquettes de cuir courent le long des murs lambrissés de bois verni, des tables rondes sont disposées en quinconce, ornées chacune d'une fausse lampe à huile. Rien ne manque au décor : cornes suspendues au plafond, larges lustres où brûlent des bougies factices, il y a même au fond de la pièce, un juke box maquillé en piano de l'époque. Venir ici, c'est glisser dans le passé, se couper d'une vie trépidante et fatiguante pendant quelques instants. Avec un peu d'imagination et le vent qui souffle dehors il suffit de fermer les yeux quelques secondes pour voir les buissons rouler sous les rafales, comme dans les vieux films.

« Salut les filles, qu'est-ce-que je vous sers ?

Comme d'hab Marco, 2 crèmes s'il te plaît..
- Ok mes chéries, ça roule !
- Dis, y'a quelque chose de changé ici, mais j'arrive pas à savoir quoi !
Lui dit Sophie.

J'ai juste rajouté un miroir, là, au fond pour donner un peu plus de volume et j'ai mis deux tables dans le coin.
- Ah oui, ça y est ! Et où t'as mis les deux flippers alors?
- Dans la salle de jeux du fond.
- Ah ok.. Ca t'a fait gagner un peu de place avec tout ce monde qui vient ici! »


Leur conversation est alors interrompue par les gloussements tonitruants d'une femme qui rit aux éclats. De sa voix rocailleuse, elle interpelle les deux compagnons de bar de Camille et Sophie. Comprenant vite que la grosse rousse maquillée à outrance est complètement ivre, ils ne daignent pas répondre, mais partent dans un éclat de rire qui en dit long.

« Elle s'en tient une bonne celle-ci et il est à peine 16h00 ! »

Le fou rire se répand autour du comptoir quand la grosse dame rate sa chaise et s'étale de tout son long sur le carrelage, emportant dans sa chute sa chope de bière. La Dame tombe lourdement sur son fessier, mais la chope reste intacte ! Des mots incompréhensibles sortent de sa bouche pâteuse -certainement quelques jurons bien salaces- et essaye de se relever. Camille et Sophie lui prêtent main forte, les autres clients continuent de rire. Personne ne remarque l'arrivée d'une silhouette frêle et discrète qui se dirige furtivement vers le coin le plus sombre de la pièce.
Les filles avalent leur café crème tout en discutant avec Marco, qui, malgré le poids du travail, trouve le temps de leur faire la conversation. L'ambiance est électrique, l'atmosphère lourde, l'énervement palpable. Les gens parlent à voix haute pour se faire entendre au milieu du brouhaha infernal.


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