Elle
est là, devant elle, petit moineau effrayé, la tête baissée et le
regard craintif. Du moins, c'est ce qu'elle voit sur son si joli
visage qu'un large sourire vient soudain illuminer. Depuis le temps
qu'elles attendaient ça, des heures et des heures à discuter via la
toile..leurs nuits blanches à papoter de tout et de rien, de leurs
vies, de leur métiers respectifs, de leurs familles, de leurs
espoirs, de leurs craintes, de leurs joies et de leurs détresses, de
leurs rêves, de leurs idéaux, de leurs points forts ou leurs points
faibles. Elles ont finalement pas mal de choses en commun ces deux
là, pour ne pas dire énormément. Le même sens des valeurs, le
respect d'autrui, la disponibilité, l'affabilité, la connerie aussi
! Ah ça, on peut pas faire mieux ! Difficile de les départager pour
savoir à qui reviendra la palme dans ce domaine !
Sonia
descend de sa micra blanche, droite comme un I. Et ses yeux, ses
magnifiques yeux bleus insondables se posent sur Alexandra. Pour ne
plus en bouger. Ce regard l'hypnotise totalement. Jamais elle n'a vu
des yeux aussi beaux, aussi bleus, aussi expressifs et aussi
épris.
« Salut !
- ..Salut..
- Tu as fait bonne route
? Tu as trouvé facilement ?
- Oui, tu m'as très bien
guidée »
Elles se rapprochent l'une de l'autre et
s' étreignent. Oh, comme de vieilles copines ! Dans cette petite
ville, comme partout d'ailleurs, tout le monde est au courant de tout
et l'homosexualité d'Alexandra n'a pas de secret. Acceptée ou non,
elle n'en a cure, on l'apprécie pour ses qualités humaines et son
travail. Mais personne ne l'a plus vue avec une autre depuis sa
séparation. La revoir en bonne compagnie susciterait un intérêt
général et on ne parlerait que de ça. Et c'est justement ce
qu'elle cherche à éviter. Du moins, pour l'instant. Leur étreinte
s'éternise. Leurs bras qui se sont entourés ne veulent pas se
dénouer et elles restent soudées l'une à l'autre de longues
minutes.
Ce jour, Alexandra et Sonia l'ont attendu,
espéré, rêvé, imaginé des centaines de fois dans leur tête,
s'interrogeant sur le déroulement des choses, leurs réactions,
leurs mots. Elles se sont passé le film en boucle, visionnant dans
leur esprit tous les scenarii possibles et imaginables. Mais rien ne
se passe jamais pareil.
Alex dévisage Sonia qu'elle tient
toujours contre elle. Elle est vraiment superbe, son visage d'albâtre
auréolé d'une abondante crinière de feu, ses yeux bleu lagon qui
la mangent du regard et sa bouche..Sa bouche, pulpeuse et
appétissante... Un appel au baiser que Alexandra meurt d'envie de
lui donner, là, maintenant et tout de suite. Ses lèvres sont en feu
et son cerveau bouillonne, menant une lutte sans merci contre ses
envies.
« J'ai
préféré te rejoindre ici pour te guider. C'est plus simple pour la
première fois.
- C'est encore loin ?
- Non, deux kilomètres.
-
Pourquoi m'avoir fait venir ici et pas chez toi ?.
- Pour deux
raisons : Un, Je suis même pas sûre que ton GPS aurait trouvé !
Deux, je veux te faire goûter le meilleur chocolat de la région!
-
Celui dont tu m'as tant parlé ?Oui ! Pourquoi pas !
- Allez,
on laisse les voitures ici, on a juste la place à traverser. Tu vas
voir, ce chocolat est divin. Il attire plein de monde, certains mêmes
font jusqu'à 50 km pour venir le déguster ! »
Sonia
et Alex se dirigent vers le « café sans nom » croisant
sur leur chemin Monsieur le Maire, et Madame qu'elles ne manquent pas
de saluer et Sonia de dévisager l'épouse.
« Tais toi et
avance..Oui, on dirait qu'elle a un balais dans le cul, oui, elle a
un œil qui dit merde à l'autre mais c'est quelqu'un de très
généreux. Je me tape des barres avec elle et ses copines quand on
part en randonnée »
Elles arrivent enfin
devant l'établissement dont les grandes vitrines ont pris des
teintes opaques à cause du froid. On devine à l'intérieur des
ombres et les lumières aux couleurs de Noël . Elles poussent la
porte et constatent une clientèle particulièrement nombreuse.
Peut-être que les gens en ont eu assez de se calfeutrer dans leur
cocon à cause du froid ou tout simplement ont-ils voulu se
désembrouiller l'esprit en prenant un bol d'air glacial, dissipant
ainsi les dernières vapeurs d'un Noël bien arrosé ou le préparer
aux fêtes de la Saint Sylvestre. Un couple d'une soixantaine
d'années libère sa place, décidé à abandonner l'endroit bruyant
dont le brouhaha incessant parvient à couvrir la musique de
fond.
« Ils nous ont vues arriver ces deux-là..T'as
vu ? Y'a pas une place de libre ! J'ai jamais vu ça ! Dit Alex
-
Ils ont peut-être eu la même idée que nous
- Moui et je te
dis..! Ce fichu chocolat ! Je ne connais pas la moitié des gens qui
sont ici ! »
Le
garçon s'approche d'elles et prend commande avant de s'éloigner
d'un pas pressé jusqu'au comptoir derrière lequel son collègue
attend les directives.
Sarah et Alex se mettent à l'aise.
Assises l'une en face de l'autre, elles se dévorent du regard. Les
éclats de rire et de voix s'estompent, le décors, les gens, tout
disparaît. Elles se retrouvent seules au monde, bien à l'abri dans
leur bulle de bonheur.
« Qu'est-ce-qu'elle
a à me mater celle-là ?
- Je sais pas mais ça fait un bon
moment qu'elle te regarde !
- Oui bein j'aime pas sa façon de
faire ! Tu la connais ?
- Non, elle n'est pas d'ici.
- T'as vu
sa tête ?
- Moui !
- Quelle âge elle doit avoir ? Cinquante ?
Cinquante cinq ? Un peu plus ?
- Elle en fait vingt de plus ! Elle
a une tronche de vieille ! Putain, mais c'est incroyable ce qu'elle
te fixe !
- Ah, mais c'est gênant à la fin ! Qu'est-ce-que je
lui ai fait bon sang ?
- Tu as dû lui taper dans l'oeil !
-
Bein ho, ya pas écrit lesbienne sur mon front que je sache !
-
Elle a un gaydar bien développé en tout cas !
- Elle se lève..
-
Oh putain..Si elle s'approche, je détale..
- Oh, mais arrête de
psychoter, regarde, elle va droit aux toilettes..
- Regarde comme
elle dandine du cul ! Ah, elle le fait aller le panier à crottes !
-
Hihi, le pantalon en cuir bien moulant qui lui scie la foufoune ! La
taille basse à ras la touffe et une ceinture en strass..assorti d'un
body tout aussi voyant..hyper décolleté et les tétons qui vont
passer au travers du tissu. Putain, avec le froid qu'il fait, elle a
pas peur de choper une pneumonie !
- Hey, mate le piercing au
nombril...sur une peau qui pendouille..
- T'es vache quand même
!
- Elle me fait penser à cette nana dont je t'ai parlé. Bien
fichue mais une tête horrible et qui saute sur tout ce qui bouge.
Elle est tellement en manque qu'elle sait pas quoi faire pour choper.
Elle tente d'imiter les jeunes pour mieux les capter. Elle en est
devenue ridicule. Je doute qu'elle y parvienne un jour
malheureusement. Les seules nanas qu'elle approche finissent par se
barrer au triple galop .
- Oui, oui, je sais dit Sonia sur un ton
amusé. Tu m'en as déjà parlé tout plein de fois.
- Ah, et ses
déhanchements ridicules ! Mais regarde ! elle va finir par se
déboîter le col du fémur ! Elle sait pas quelle position prendre
pour se mettre à son avantage ! Mais quelle honte ! Tout le monde la
regarde ! Tout comme l'autre !
- Oui, oui !
- Quand je pense
que l'autre grosse courge continuait à me chercher sous ses airs de
pas y toucher. J'ai rien dit pendant un temps mais il arrive un
moment où la coupe est pleine. Et j'ai foncé dans le tas.
- Bein
elle a gagné en fait. Cette nana ne vivait qu'au travers toi. Elle
captait ton attention avec ses vannes à deux balles et elle pensait
avoir de l'importance à tes yeux parce que tu lui répondais. Tu as
bien fait d'arrêter tout ça.
- Je sais bien mais c'est plus fort
que moi, tu le sais! On me frappe sur une joue, je ne vais pas tendre
l'autre tout de même ! Tain, ce que j'avais envie de lui claquer le
beignet ! Ca lui aurait peut-être remis le cerveau à l'endroit...
-
J'en doute. Elle est comme ça et ne changera pas. Tu as laissé
tomber, tu as bien fait. Ce genre de nana ne mérite pas qu'on
s'intéresse à elle. Elle aime se plaindre, jouer les victimes,
justement pour attirer l'attention....22 revoilà l'autre..
-
Ahhhhhh, je veux même pas la voir !
- ...Elle se rapproche- T'as
fini ouais ?!
- Elle approche toujours !
- chut..tu vas nous
faire repérer !
- Si tu te voyais ma pauvre ! »
Sonia
part dans un fou rire moqueur. C'est vrai que Alexandra offre un
tableau bien ridicule, peut-être encore plus que celui de la
personne qu'elle vient de dépeindre à son amie. Elle se retrouve
pliée en deux sous la table en faux marbre espérant échapper au
regard de l'inconnue.
Mais Alexandra doit rétablir la situation à
son avantage. A ce moment précis, elle doit ressembler plus à une
autruche avec sa tête au fond du trou qu'à Spartacus se jetant sur
ses vaillants adversaires.
Alex se redresse d'un bond sur
sa chaise, droite comme un I et met de l'ordre vite fait dans ses
cheveux malmenés pendant sa fuite en avant, manquant de se cogner
violemment au coin de la table .
La quinquagénaire passe
à ce moment là, frôlant volontairement sa cuisse, le regard
toujours appuyé . Elle lui adresse alors un clin d'oeil que tous les
clients du bar peuvent apprécier . L'oeil gauche est grossièrement
fermé, et l'autre laisse apparaître un iris bleu délavé. La
bouche est ouverte en un rictus horrible trahissant un trou béant
sur le côté gauche d'une mâchoire carrée que pourrait lui envier
Arnold Schwarzenegger. Une question traverse soudain son esprit :
Doit-elle se planquer à nouveau sous la table pour éviter cette
vision d'horreur ou faire stoïquement face? Alexandra regarde
rapidement Sonia. Ses yeux pétillent d'hilarité, elle devine même
quelques larmes sur ses joues cramoisies malgré ses airs surpris
face à la walkyrie. Ses lèvres luttent avec énergie pour ne pas
laisser s'échapper l'énorme fou rire qui monte en elle. Alexandra a
l'impression que tout va au ralenti..Mais qu'on passe à la prochaine
prise quoi ! Cette horreur sur pattes est encore devant elle et le
clin d'oeil n'en finit pas. Elle la fixe droit dans les yeux et il
lui manque toujours une dent. Quelque chose d'effrayant se dégage de
sa personne, quelque chose de rebutant. Comment se sortir de cette
impasse, de ce mauvais pas, de cette situation affreuse ?
Et
soudain..Dieu entend sa prière. Le sourire de la sorcière se fige,
net. La dragueuse impénitente vient de se prendre le pied dans la
anse du sac qu'Alex a toujours la fâcheuse habitude de laisser par
terre. La cougar s'étale de tout son long sur le sol carrelé
entraînant dans sa chute la table voisine qui se fracasse au sol
dans un bruit d'enfer. Tout bruit dans le bar a stoppé, le temps a
suspendu son vol et tous les regards se tournent vers elle. Le
silence est si lourd qu'on entendrait un moustique péter. Alexandra
reste interdite un court instant et regarde son amie. Au sol, la
quinquagénaire s'est assise, jambes écartées, le cul sur le
carrelage. Elle se frotte le menton, la tête enfoncée dans les
épaules, sentant les dizaines de paires d' yeux posées sur elle.
Elle boude comme une gamine, vexée et désorientée, fuyant les
rires et les commentaires moqueurs. Un serveur se précipite et
redresse la table avant de ramasser les débris des tasses à café,
sans se préoccuper de la femme toujours par terre. Les deux femmes
se questionnent du regard. Retenant un fou rire grandissant,
Alexandra récupère son sac et Sarah finit son chocolat. Elles se
lèvent, enjambent la chose à leur pied qui les dévisage d'un
regard mauvais et se dirigent vers la sortie.
« Vous
pourriez au moins vous excuser !
- Nous excuser de quoi ? Répond
Sonia
-Si vous aviez pas laissé traîner votre sac, je me serais
pas pris les pieds dedans !
- Si vous aviez pas rasé la table et
la cuisse de ma copine, vous vous seriez pas pris les pieds dedans
non plus! C'est quoi ces clins d'oeils que vous lui avez balancés
?
- J'ai des yeux, c'est fait pour voir !
-C'est ça, et vous
aviez un moustique dans l'oeil, c'est ça ? Vous me prenez pour une
conne aussi ?
-Ici, il y a du monde et j'ai le droit de regarder
qui je veux et quand je veux. C'est un accès libre.
- Putain,
elle répond à côté, comme l'autre ! S'esclaffe Alexandra
-
Et draguer la nana des autres, c'est libre d'accès aussi ? Renchérit
Sonia
- Je n'ai rien fait de mal.
- Non, mais vous vous êtes
regardée ? Vous vous...
-Allez, viens Alex , on sort d'ici..Cette
nana est dingue. »
Les deux femmes quittent le bar
sans un mot, la tête encore pleine de l'incident et se regardent
avant d'éclater de rire. « Je comprends très bien ce que tu
ressens envers l'autre illuminée ! » lance Sonia .Elles
parcourent le chemin en sens inverse jusqu'à leurs
véhicules.
Alexandra monte dans sa clio rouge,
met le contact, regarde dans le rétroviseur. Pour s'assurer que
personne ne va lui barrer la route au moment où elle va recule, mais
surtout, pour la regarder elle.
Alex enclenche la marche
arrière, tranquillement et passe en première, met les feux de
position. Elle zieute encore le rétroviseur, « c'est bon, elle
me suit ». Puis, elle se dit qu'elle est stupide. Ce n'est pas
ici qu'elle va la perdre dans les embouteillages ! 4000 habitants en
comptant les vaches et les canards ! « Voyons, arrête tes
conneries et roule ». Le tour de la place centrale est vite
fait. Quelques enfants font la course sur leurs rollers flambant
neuf, zigzagant entre les marronniers centenaires qui bordent la
place. La neige tombée en abondance les jours précédents a du mal
à fondre.
La voiture s'engage dans la rue principale et
direction « les bois » comme aime la taquiner Sonia. Elle
passe devant la boulangerie merveilleusement décorée d'où sort
toujours une odeur de pain chaud mélangée à celle des
viennoiseries fraîchement sorties du four. C'est là que chaque
matin, Alex s'arrêter en quête de sa baguette et son croissant au
beurre. Plus loin, elle reconnaît Madame Gassin et son inusable
cabas à roulettes. Cette petite dame aux cheveux aussi blancs que la
neige continue de faire son kilomètre chaque jour à 97 printemps.
Elle fait partie de ses patients et elle l'adore. Madame Gassin, dame
très coquette et à l'esprit très jeune habite une fermette un peu
éloignée du hameau et Alexandra se plait à lui prodiguer ses
soins. Toujours un mot gentil et le sourire aux lèvres, elle lui
fait penser terriblement à sa grand-mère. Un petit coup de klaxon
en arrivant à son niveau et Alex s'engage dans la ruelle de droite.
Regardant à nouveau son rétroviseur pour voir si Sonia la suit,
elle aperçoit le petit geste de la main de la vieille dame qui
répond à son bonjour.
Quelques instants plus
tard, Alex franchit le passage à niveau et continue encore sur un
kilomètre au milieu des bois figés par le gel du matin avant
d'arriver à la clairière au fond de laquelle deux sapins majestueux
gardent l'entrée de sa propriété. Fripouille son chat et Titus son
chien montent la garde, telles deux statues, devant le portail de
l'immense court. Elle a laissé Ernest, son lapin, bien au chaud à
l'intérieur où elle a pris soin d'allumer une flambée dans la
grande cheminée du salon. Elle prie pour que ce maudit animal n'ait
pas laissé des boulettes surprises un peu partout dans la maison
.
Elles descendent de leur véhicule respectifs. Alex
vient la rejoindre avant de prendre sa main et de l'entraîner à
l'intérieur, un large sourire aux lèvres. Sonia le lui rend, et,
les yeux pétillants, se laisse guider.
Alex ouvre la
lourde porte en chêne qui ne manque pas de crisser sur ses gongs et
les deux femmes pénètrent dans le vestibule. La chaleur du feu de
bois qui crépite dans l'âtre les enveloppe d'une sensation de bien
être. Alex tombe sa doudoune et débarrasse Sarah de son long
manteau noir qu'elle accroche sur la patère de l'entrée. Elle se
retourne et la voit, plantée devant elle, son regard fixant le sien.
Dieu que ses yeux la déstabilisent !
Ce petit bout de femme qu'elle domine d'une bonne tête la fait fondre. Lui viennent alors en tête leurs doux échanges, leurs conversations au téléphone des nuits durant, quand elles se sont déclaré leur flamme. Leurs sourires s'estompent peu à peu laissant apparaître sur leurs lèvres affamées le désir de leur premier baiser. Alex se baisse, Sonia tend son cou, leurs bouches s'approchent lentement avant de s'unir avec une infinie douceur.
«Je t'aime Sonia
- Je t'aime aussi Alexandra »
Leurs lèvres se scellent à nouveau dans un baiser plus long et passionné.
« Si tu savais à quel point j'en ai rêvé de ce moment..Ce moment où j'allais te tenir dans mes bras, te serrer enfin contre moi !
- Tout pareil pour moi mon ange.
- Viens, assieds toi, parle moi de toi..Ta route s'est bien passée ? Y'avait pas trop de trafic ?
- Je crois que tu m'as déjà posé la question tout à l'heure ! répond Sonia sur un ton amusé.
- Oui, mais je sais plus ce que tu m'as dit..J'étais trop préoccupée à te dévorer du regard et mon esprit était ailleurs. Que puis-je t'offrir ? Un café, un thé, un chocolat ? Tu as faim ?
- Et dire que je me sentais trop nerveuse, je vois que tu n'es pas mieux que moi ! Un café s'il te plaît chérie, merci !
- Ok !..Deux sucres si je me souviens.
- Tu te souviens bien..
- Un peu de lait aussi, si j'ai pas oublié
- C'est bien ça.
- Tu veux que je te le tourne aussi ?
- Moqueuse !
- Je veux juste voir si je fais aussi bien que toi !
- Ah, mais tu sais bien que j'aime remuer mon café . Tu sais que j'aime quand le sucre est bien fondu.
- Oui, je sais bien. D'ailleurs, je pense qu'au bout de dix minutes il est bien fondu..je dirais même parfaitement désintégré ! »
A ces mots, la petite cuillère entre ses doigts fins se met à danser à une vitesse vertigineuse dans le mug qu'Alex vient de lui tendre, entraînant dans sa course le bruit infernal de touillage qu'elle a eu l'occasion d'entendre lors de leurs échanges vidéo. Amusée, elle la regarde faire, concentrée comme jamais dans l'opération de dissolution du sucre. Elle ne dit mot et suit la ronde de la main et de la petite cuillère. Seul le crépitement du feu brise le silence de la pièce. Sonia s'arrête net et la regarde.
« Mais quoi ? Dit-elle en dodelinant de la tête
- Oh, rien ! dis-je en pouffant de rire..Tu peux continuer, le mug, c'est du solide !
- Je fais tant de bruit que ça ?
- Impressionnant !
- Bein tant pis pour toi, je continue !
- Quoi, t'as pas encore fini ?
- Non, y'a encore du sucre au fond. »
Elle fait faire encore quelques tours à son poignet et porte le mug à sa bouche..
« Tes cours, ça se passe bien ?
- Ca va, ça va, je n'ai pas à me plaindre de mes élèves en général . Je suis ravie d'enseigner dans un petit lycée. Ca me change de l'usine à gaz où j'étais avant. Ca n'a rien à voir. Et toi, tes patients ? Ta petite vieille ?
- Toujours là, elle pète le feu. J'ai jamais vu une nonagénaire aussi alerte. C'est elle qu'on a vue avec son cabas tout à l'heure. J'adore cette femme!
- Oh, j'ai de la concurrence ?
- Oui ! Et sérieuse même ! Tu devrais t'inquiéter chérie !
- Oh là, mais ça va pas le faire ça ! J'ignorais que tu donnais dans la paléontologie !
- Ah, mais c'est un merveilleux cas scientifique !
- Je sais tu m'as dit. Elle a pris un coup de boule par un bélier qui est resté sur le carreau !
- Entre autres ! Elle est restée dans le coma pendant trois semaines. On ne lui donnait aucune chance de survie. Elle s'est accrochée ! Le bélier, lui, y est resté. A 97 piges, elle boit son verre de rouge à chaque repas, s'envoie un digestif tous les midi et fume son nina le soir après le diner ! Elle n'a jamais été malade. C'est une figure ici. Je passe chez elle tous les jours pour changer son pansement suite à une mauvaise chute à vélo !
- Han, tain, elle se laisse pas abattre !
- Je veux même pas penser dans quel état je serai à son âge..Si c'est pour sucrer les fraises, non merci. Elle est pratiquement autonome. C'est impressionnant.
- Ce qui m'impressionne, c'est que tu continues de boire ton café dans une tasse vide.. »
- ah... euh .. non non, Il restait encore quelques gouttes ! Tu en veux un autre ?
- J'ai pratiquement pas touché encore au mien. Il est trop chaud, et je préfère le boire tiède.
- Oups, désolée , je n'y ai plus pensé. L'habitude de le boire chaud moi-même.
- Pas grave, j'attendrai.
- Tu veux grignoter quelque chose ?
- Non, ça ira, je te remercie. Par contre, je n'ai rien contre une clope.
- Je t'attrape un cendrier.
- Non, j'ai envie de sortir ; Tu me fais faire le tour du propriétaire ?
- Volontiers, mais couvre toi, ça caille.
- Si j'attrape froid, je compte sur toi pour me réchauffer.
-Pour une grande timide, je trouve que tu te défends plutôt bien !
- Désolée, c'est sorti tout seul.
- Ah, mais ça me dérange pas le moins du monde ! Tu finis ton café, on va faire le tour de la propriété et je te réchauffe après ?
- Non, réchauffe moi maintenant finalement.
-
C'est encore sorti tout seul ?
- Non, mais puisque je
suis lancée, je continue..
-
..Alors, je t'en prie, continue.... »
Leurs yeux se croisent à nouveau. Elle pose son mug encore plein, Alexandra pose sa tasse vide. Elles se lèvent de concert et se retrouvent face à face sans dire un mot, leurs regards ne se sont pas quittés et parlent à leur place.
« Penses-tu que nous allons trop vite ?
- Non, j'en ai tout autant envie que toi chérie.
- …
- J'ai
rêvé si fort de nous et de cet instant. Tous ces moments passés
avec toi au travers de cet écran et ne pas pouvoir te toucher...Ca
me rendait dingue. Je t'ai enfin là, devant moi. J'ai envie de toi
ma chérie..plus que jamais
- Alors, cesse de parler, et
embrasse moi » dit Sonia dans un murmure chaud et sensuel.
Sa bouche se pose délicatement sur celle d'Alex partie à sa rencontre, ses bras enserrent son cou, ceux d'Alex sa taille. Elles se collent l'une à l'autre et se délivrent un baiser torride, interminable. Un frisson délicieux parcours leurs corps. Leurs mains restent immobiles, comme pour ne pas les déranger dans leur étreinte avant de se lancer dans une lente et sensuelle exploration de leurs corps.
Le feu qui danse dans la cheminée projette comme des ombres chinoises leurs silhouettes graciles sur les murs crépis à la chaux du vaste salon. Les baisers deviennent fougueux et passionnés. Leurs bouches devenues gourmandes dévorent la moindre parcelle de peau qu'elles rencontrent. Leurs mains libèrent peu à peu leurs corps des bastions de tissu avant de dessiner sur leur peau les caresses de la tendresse et de la passion.
Dans un mouvement lent mais assuré, Alex invite son amie à s'allonger sur les peaux de bêtes disposées au sol devant l'âtre dont l'ardeur semble augmenter en même temps que leur désir. Elle caresse ensuite du dos de sa main le doux visage de Sarah avant de perdre ses doigts dans sa divine chevelure rousse et de déposer à nouveau ses lèvres sur les siennes. Leurs langues se livrent bataille dans un baiser langoureux, interminable et leurs mains recommencent leur danse sensuelle sur des corps chauds comme la braise. De leur ballet savant commencent à naître les gémissements d'un plaisir grandissant. Sonia et Alex s'abandonnent totalement, ouvertes à tous leurs désirs, à toutes les envies de leurs corps affamés. Alex pose ses lèvres dans le cou gracile de sa compagne, traçant de sa langue des sillons humides avant d'explorer la vallée de ses seins et de s'attarder longuement sur des tétons fiers et durs alors que les mains se Sarah enveloppent délicatement les siens. Leurs visages se cherchent, se retrouvent, se sourient et leurs bouches se scellent à nouveau tandis que leurs mains traînent savamment sur leurs cuisses avant de remonter en leur intérieur, se rapprochant à chaque fois de l'antre du plaisir qu'elles finissent par frôler, sans jamais l'atteindre. Leurs doigts longs se marient un cour instant et se délient avant de prodiguer de nouvelles sensations. Sonia, toujours sous l'emprise amoureuse d'Alex l'invite à se placer à califourchon sur ses hanches, ce qu'elle fait avec grâce. Sonia s'assied alors sous sa compagne avant de venir goûter ses lèvres sucrées. Puis ses mains repartent à l'assaut du corps d'Alex à grands renforts de caresses et de baisers mouillés. La belle infirmière ne reste pas insensible, se sentant envahie par des vagues de désir qu'elle ne tarde pas de retourner à sa compagne. Sonia prend un peu de recul, se maintenant à l'arrière sur son bras gauche. La main droite glisse lentement entre ses jambes, qu'elle caresse longuement, sensuellement avant d'arriver encore plus lentement sur un sexe détrempé.
Sonia se laisse glisser sous le corps de sa compagne, sa bouche remplaçant ses doigts. Elle embrasse ses cuisses , se rapprochant insensiblement de son sexe qu'elle finit par prendre à pleine bouche et dont elle se délecte pendant de longues secondes, jusqu'à ce qu'Alex pivote et vienne se placer à son tour entres ses cuisses non sans avoir honoré au passage son corps de ses baisers et de ses caresses.
Leurs bouches gourmandes déposent des dizaines de baisers sur leur bas ventre, passant par l'entrejambe et remontant sur le pubis avant de terminer sur leur sexe . Leurs langues fouillent leur intimité avant de se délecter de leur bouton gonflé de désir. Les gémissements deviennent râles, leurs reins impriment des mouvements de va et vient. Leurs doigts viennent en renfort et après avoir joué avec les chairs, pénètrent l'antre chaud et humide de l'autre. Une vague de plaisir immense les envahit toutes deux jusqu'à ce qu'un tsunami puissant et profond les entraîne jusqu'à l'explosion finale.
En sueur, Alex s'allonge aux côtés de sa compagne et lui sourit avant de lui délivrer un baiser délicat, savourant un instant encore les derniers frissons du plaisir. Calant sa tête au creux de son cou, elle susurre à son oreille des mots doux et tendres et d'honorer son corps, encore et encore.
« Tu reprends quand mon ange ?
- La semaine prochaine.
- Ok, alors tant mieux parce-que je pense que tu vas devoir prolonger ton séjour ici. Regarde chérie, il neige à gros flocons et je doute que tu repartes avec un temps pareil.
- Oh, mais pas de problème, ça m'arrange même ! Alors, tant mieux... »
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